Dans nos stages et cours collectifs de tango argentin à Paris, comme dans nos workshops animés en France, une chose nous est essentielle : enseigner les "bases", ou les fondamentaux du tango. De plus en plus d'enseignants du tango argentin sont conscients de l'importance des aspects "basiques", "élémentaires" ou "fondamentaux" du mouvement pour la danse. Pour toutes les danses, le tango inclus.
Cependant, la pédagogie du tango argentin, explorant ses "bases" ou ses "fondamentaux", est toute jeune. Contrairement à la danse classique ou la danse contemporaine, l'histoire de l'enseignement des fondamentaux en tango est très récente. L'enseignant du classique ou du contemporain peut puiser dans une riche et profonde tradition pédagogique, alors que l'enseignant du tango se trouve plutôt seul : afin de transmettre les fondamentaux, elle/il doit concevoir, expérimenter et améliorer des pratiques pédagogiques, sans pouvoir puiser dans la tradition. Traditionellement, l'enseignement du tango est réduit à la transmission des figures, des consignes précieuses sur l'abrazo..., et des consignes plutôt abstraits (gardez l'équilibre, descendre les épaules, pivotez plus votre bassin, "oui, mais comment?").
Sur les pages qui suivent, nous présentons les bases fondamentales du tango argentin, tels que nous les concevons et enseignons, après une dizaine d'années de recherche et d'expérimentation. Toutefois, la compréhension de ces fondamentaux doit aller de paire avec la pratique régulière et un travail corporel suivi. Les fondamentaux ne sont pas des recettes qui s'appliqueraient indifféremment à tout danseur, en dehors de l'appréciation et l'adaptation par un pédagogue expérimenté. Car, chaque corps est individuel, et chaque danse est originale.
Voici les aspects basiques que nous développerons, en résumé ici © :
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Ainsi, l'apprentissage de ce qui fonde le mouvement du tango s'avère difficile. En parler est une chose, l'enseigner et le pratiquer en profondeur une autre. L'apprentissage des fondamentaux demande toute une autre finesse pédagogique que la transmission des figures. Malgré ces difficultés, il nous semble d'autant plus important de rendre les fondamentaux accessibles à chacun - qu'il se juge, oui ou non, doué pour la danse, qu'il s'attribue un sens musical, ou qu'il soit à l'aise dans le contact corporel.
Car le tango argentin est pour nous tout d'abord une danse populaire. La beauté du tango naît de sa simplicité, de la pureté et de l'allure personnelle de ses mouvements, de l'instant vécu. Ces qualités naissent des fondamentaux du tango. On sait que, dans tous les arts, simplicité et pureté s'acquierent en dernier.
Pour le pédagogue professionel, il y a ainsi une double tâche : ne pas priver la tanguera ou le tanguero de la finesse et de la profondeur des fondamentaux de la danse, tout en rendant leur apprentissage concret et simple.
Les fondamentaux sont donc intimement liés à la pédagogie de la danse en général : comment acquérir une posture juste ? comment créer un mouvement musical ? comment créer un abrazo sensible et vivant avec son partenaire... ?
Au delà de ces questions pédagogiques, les fondamentaux revêtent ainsi un sens esthétique, et même existentiel : comment se rendre sensible à la beauté et la simplicité d'un mouvement juste ? Quelle relation créer dans la danse avec l'espace et avec autrui ? Ces sont les fondamentaux qui lient toutes ces questions.
Nous habitons tous notre corps individuel, et notre tango sera toujours individuel, original. L'enseignement et l'apprentissage des fondemantaux doit en rendre compte. Quel est le rapport entre le travail sur les fondamentaux et notre corps naturel ?
Notre corps individuel est est un mille-feuille composé de notre "corps socialisé" qui est formé de nos habitudes sociales et de notre "corps naturel", qui fut à l'état pur à notre première enfance, mais qui s'est transformé sous l'influence de nos pratiques sociales. Le corps socialisé s'est superposé à notre corps naturel, comme une deuxième nature. Or, tout travail sur les fondamentaux du mouvement, de la danse et particulièrement du tango, est un travail qui cherche à retrouver notre corps naturel sous notre corps socialisé.
Il s'agit de comprendre que le le corps naturel n'est pas un corps naturel général, mais le corps naturel de chacun, avec ses particularités qui résulte de ce mélange entre le corps naturel et social.
Tout d'abord, il est important de comprendre que les bases ou fondamentaux du tango ne sont pas les figures : ni les figures simples ni les "figures de base", comme la salida ou le ocho.
Les fondamentaux du tango sont les dimensions du mouvement qui donne leur qualité à ce que l'on appele la "posture", la "présence", l"attitude du mouvement" ou le "mouvement intérieur". Ces qualités sont au fondement des figures, elles font naître les figures dans un style particulier. Les fondamentaux sont moins visibles que les figures, mais ils sont en même temps très concrets, physiques.
Nous travaillons ces qualités intérieures de la posture et du mouvement selon 5 dimensions fondamentales :
Vous pouvez lire ici des réponses aux questions que nous avons posées au sujet des 5 dimensions fondamentales du mouvement du tango.
Dans un mouvement naturel, les 5 dimensions fondamentale du tango sont unies, nous l'avons souligné. Mais dans l'apprentissage, il est trop difficile, impossible même, d'aborder les 5 dimensions ensemble, de front. Pour enseigner et pratiquer les fondamentaux du tango, il est donc nécessaire, de séparer d'abord ces 5 dimensions, pour pouvoir mieux les lier ensuite. Il est nécessaire de les séparer, de les décomposer, afin de simplifier le travail et de pouvoir pratiquer chaque dimension pour elle-même. Mais il est également nécessaire de les lier, afin de les intégrer dans un seul mouvement, dans une seule attitude de danse. Pour enseigner et pratiquer les 5 fondamentaux, il s'agit de créer une dynamique de va-et-vient entre décomposition et intégration des 5 dimensions, qui rend accessible la difficile pratique des fondamentaux (cf. tout en bas la rubrique > comment pratiquer concrètement les fondamentaux?).
La marche du tango, la "caminata" (prononcée "caminada"), est une marche rhythmé que le deux partenaires accomplissent ensemble. Cette fameuse "marche" qui implique dans un seul mouvement toutes les "bases du tango" (qui sont pour nous les cinq dimensions fondamentales).
C'est en ce sens que la marche est fondamentale pour nous. Par conséquent, il nous semble très juste de travailler les fondamentaux à partir de la marche - comme le fait Carlos Perez, un de nos maîtres du tango, à sa fameuse pratique de Sunderland. C'est en ce sens aussi qu'on peut observer un engoument, une "éloge de la marche" ces dernières années.
Nous avons cependant fait, dans nos cours et stage, l'expérience suivante : pour nombre de danseurs, qu'ils soient débutants ou plus avancés, il est difficile d'apprendre les fondamentaux uniquement à partir de la marche, de la caminata. Il est vrai que la caminata implique tous les fondamentaux ; mais elle est elle-même un mouvement complexe, composé de mouvements plus élémentaires.
Dans nos cours, la pratique de la marche du tango a une place importante, essentielle ; il nous semble pourtant vain de pratiquer la marche pendant longtemps sans travailler les 5 dimensions des fondamentaux, en les décomposant et en les intégrant.
D'autre part, il nous semble important de travailler les fondamentaux indépendemment de la marche. C'est ici que les autres danses (classique et contemporaine) et les autres pratiques corporelles (yoga, Feldenkrais, energétique chinoise) nous viennent à l'aide.
Les autres danses et pratiques peuvent venir approfondir l'apprentissage des "bases" fondamentales du tango. Cependant, cela n'a pas lieu au niveau des formes : il ne s'agit pas pour nous de mélanger les formes du tango aux formes de la danse classique ou contemporaine. Il ne s'agit pas non plus de pratiquer des formes de ces deux danses afin de mieux travailler les fondamentaux du tango, même si cela peut être très bénéfique. Ces autres danses nous intéressent dans la mesure où elles proposent, elles aussi, un travail sur les fondamentaux du mouvement. Il en est de même pour les pratiques corporelles, comme le yoga et la méthode Feldenkrais.
Or, les autres danses et pratiques corporelles peuvent, par leur expérience et leur savoir-faire, inspirer et guider ce cheminement pédagogiques pour le tango argentin - sans pour autant devenir une référence absolu. Mais à une condition : chaque idée, chaque méthode, chaque exercice doit être adapté à la particularité de cette unique danse qu'est le tango argentin.
Pour savoir davantage sur la relation entre le tango et les autres danses (classique et contemporaine), telle que nous la concevons, vous pouvez consulter notre page dédiée. Il en va de même pour la relation entre le tango et les autres pratiques corporelles (yoga, méthode Feldenkrais, chi-gong).
Afin de donner une idée plus concrète de notre enseignement des fondamentaux, nous vous présentons quelques exemples d'exploration et d'exercice sur notre page > pratiquer les fondamentaux du tango argentin (page à venir). Ces exemples suivent notre division des fondemantaux en 5 dimensions (cf. ci-dessus).
Nous rappelons ici, comme nous l'avons déjà fait ailleurs, que cette pratique requiert l'enseignement et l'accompagnement d'un professionel compétent. Car rien n'est plus délicat et difficile à trouver que le placement juste du bassin, le relaché du poids vers le sol, l'élancement de la colonne - pour ne donner que l'exemple de la dimension verticale. Les exemples qui suivent servent d'illustration, mais leur pratique se fait difficilement sans l'apprentissage et l'accompagnement que nous donnons dans nos cours.