Il semble contradictoire d'une part de publier des vidéos de tango et d'autre part de mettre en question la possibilité de capter dans des images l'essence de cette danse argentine. Il est vrai que le tango et la vidéo entretiennent des relations paradoxales : si le tango est l'incarnation de l'instant fugitif, de la danse improvisée, l'image et la vidéo subliment cette présence brute dans une sphère éternelle, au prix de sacrifier la chair et la vibration de sa présence.
Mais, c'est justement la prolifération extraordinaire des vidéos de tango pendant la dernière décennie qui a donné une existence universelle à cette danse, au-delà de toute frontière culturelle. Nous-mêmes, nous nous retrouvons régulièrement devant un public, dont une importante partie filme notre démonstration, occupée par le réglage de leur petite caméra ou ipad. Paradoxalement c'est ce désir d'arrêter le temps par l'image qui nourrit le désir de la présence. Nous-mêmes, nous avons réalisé des courts-métrage de tango, participé à des productions télévisuelles et cinématographiques où l'on donnait un rôle important au tango, tout en le captivant dans l'image. Ainsi, notre avis sur cette relation difficile entre tango et vidéo n'est pas arrêté.